Le 05 mai 1996. 10h02. BAM. La porte vient de claquer. La porte de cette maison délabrée, ou l'air s'engouffrait si facilement qu'on aurait pu croire que les murs allaient s'effondrés... On vient de te ramener de l’hôpital. Tu n'es qu'un bébé. Tu es né la veille, tu n'es dans ce monde que depuis quelques heures. On te met négligemment dans ton lit de bébé, comme si tu étais un fardeau, une plaie... Et déjà, alors que tu commences à peine à respiré... La vie semble s'acharner. Et tu as beau pleurer, pleurer, comme si tu savais ce qu'il t'attendait... Personne ne viendra jamais te sauver. " Hey.. Ton gosse est en train de chialer, j'te signale. Va donc t'en occupée, c'est toi qui l'as voulut ! " Une bouteille dans la main, c'est ton père qui vient de grogner. Il n'est que 10h du matin, et il est déjà ravagé, tellement ivre qu'il tenait à peine debout, il titubait. Ta mère l'avait observé avant de se mettre à rire, un rire si moqueur, si désintéresser que s'en était affligeant. " Moi qui en aies voulut ? Laisse moi rire ! C'est toi qui as su me le faire, alors va t'en occupé ! J'ai pas le temps pour ces conneries, y'a mon film à la télé.." Affalée sur son canapé, c'est à son tour ta mère qui vient de parler. Comme toujours, ou presque, elle est défoncée. Elle n'a pas la même addiction que son mari, elle, ce qu'elle aimait, c'est ce piqué. Et pendant ce temps, pendant qu'ils sont là à ce chamaillés, à crié, à presque s’entre-tuer... Tu continues de pleurer. Pleurer, comme si tu désespérais. Car de toute évidence, au vu de ce qui t'attendais... Tu ne recevrais jamais d'amour, au sein de ce foutu foyer.


Le 04 mai 2002. 00h52. Il est tard. Beaucoup trop tard pour qu'un enfant de 6 ans ne soit toujours pas couché. Mais le vacarme ambiant, les cris, les insultes, t'empêchais de sombrer dans les bras de Morphée. Encore une fois, tes parents sont complètement ravagés. Les deux se hurlent dessus, ils crient si fort que toi, tu est mort de peur." Tu me fais ch*er! T'as rien de mieux à faire que de me parler ?! Va t'occuper de ton gosse, ça va changer ! " Tu entends du verre qui se fracasse au sol. " Mais c'est toi qui me fais ch*er!!! Oublie moi un peux espèce d'abruti ! Et le gosse dort, mais vu comment tu brailles, il va bientôt venir nous emm*rdés! " On pourrait croire que ces choses, tu y était habitué, vu le nombre de fois ou ça arrivait depuis que tu es né. Mais non, impossible de t'y faire, impossible de comprendre ce qu'il se passait. Alors, comme d'habitude, tu finis caché sous ton lit. Tu sais que ça ne sert à rien, tu sais qu'ils n'en ont absolument rien à faire de toi et que, quoi qu'il arrive, ils ne rentreront pas dans ta chambre. Ils ne t'accordent aucune attention... Le seul moment où ils le font, c'est quand tu commences à trop les dérangés dans leurs "activités". Ils s'occupent de toi pour mieux avoir la paix, c'est cela même depuis qu'ils t'on ramené... Alors, c'est plus fort que toi. Tu es terrifié. Cette ambiance, tu la subis. Tu ne peux rien faire pour t'en échapper, tu es trop petit, trop peut éveiller. Et malheureusement pour toi, tout cela n'est pas prêt de s'arrêter..


Le 07 octobre 2016. 18h05. Tu rentres à peine des cours. Tu franchis la porte de cette foutue maison, cette maison que tu as appris à tellement détesté que si tu avais pus, tu l'aurait cramée. Tes parents sont avachis sur le canapé, et cette vision te donne envie de gerber. Rien n'a changé. Ils sont défoncés du matin au soir, tellement que tu te demandes souvent, maintenant que t'a largement l'age de comprendre, comment ils font pour ne pas s'être déjà fait expulser de chez eux. Comment ils faisaient pour ne pas être déjà crevés... Ravagés par leurs addictions respectives. Ce sont des loques, des déchets. Tu ne pourrais pas dire à quel point, tu les hais. Tu pars t'enfermer dans ta chambre, comme à chaque fois, et tu claques la porte derrière toi. Est-ce que ça les a réveillés ? Surement pas. Tu t'es souvent demandé comment tu avais réussi à survivre jusque-là. T'avais presque toujours dû te débrouiller seul, du coup, t'étais assez renfermé sur toi-même. Tu n'avais pas d'amis, et tu n'estimais pas en avoir besoin. Sans aucune autorité parentale pour t'arrêter, tu t'étais déjà mis à fumer, à sécher les cours, et à traîner dans de sales combines. Grace à ça, t'arrivais à te faire un peu d'argent, argent que tu planquais, car t'avais peur que tes abrutis de parents ne cherchent à te le voler. Tu mets cet argent de coter, et en attendant... Tu faisais ta vie comme bon te semblais. T'attendais juste que les années passent enfin, et que tu puisses te tirer de ce trou à rat. T'attendais de pouvoir être libéré de ces poids... Enfin.

Le 20 février 2020. 00h05. Tu laisses la fumée s'échapper de tes lèvres. Appuyé contre la rambarde, sur le balcon de ton petit appart, tu regardes dans le vide. Tu réfléchis à ce qu'était devenue ta vie. T'avais réussi à partir de chez tes enflures de vieux à l'âge de 20 ans, grâce à l'argent que t'avais rapporté tes petits coups fourrés. Bien sûr, ils ne t'on pas retenu, trop contents d'enfin ce débarrassé de toi. T'a un peu galérer à t'y retrouver au début, mais ça s'est rapidement tassé. Tu t'es trouvé un appart, t'a pus te poser. T'aurais pu arrêter tout, arrêter les cours, et mené ta vie au jour le jour, mais non. T'a été con, tu t'es laissé embobiné. T'as toujours été doué en sport à l'école. Très doué. Tellement, qu'on t'a filé une bourse, pour suivre des études plus poussée dans cette discipline dans laquelle tu semblais pouvoir excellé. Et toi et bien... T'a pas eu la force de refuser, t'a accepté. Tu t'es dit que, peut-être, cela te permettrais d'avoir une meilleure vie... Mais tu t'es vite rendu compte que ça n'allait pas. Ça ne te convenais pas. En y allant, t'avais pensé que tout se concentrerait sur le sport, mais t'avais tord. Tu n'étais pas fait pour rester le cul sur la chaise comme ça, ça t'ennuyais à un point inimaginable. Alors t'as commencé à sécher. Régulièrement, très régulièrement, préférant traîner, bricoler la voiture que t'avais choper et chercher un petit boulot, pour te faire du blé. Et finalement, t'a trouvé. T'as trouvé un truc qui réussissais à te motiver. Et pour un mec comme toi, tellement détaché, tellement blasé, tellement détruit par la vie... C'était un exploit. Par on ne sait quel moyen, t'a trouvé un petit job, dans un garage, bien que t'es quasiment aucune expérience. Tu soupçonnais la proprio de t'avoir engagé juste pour ta plastique, mais ça, t'en avais rien à faire. T'appréciais beaucoup trop l'ambiance, là-bas. T'aimais beaucoup trop ce que tu faisais. Tu t'étais toujours intéressé à la mécanique, mais t'avais jamais réellement penser que tu pourrais y être doué. Les cours, tu les séchait toujours, enfin très fréquemment, t'y allais juste assez pour ne pas te faire viré. Toi, tu vis juste l’instant présent. Tu vis pour ce nouveau truc, cette nouvelle "passion", la seule chose qui te permet de garder la tête hors de l'eau.